Jean-Michel BLANQUER prétend vouloir « viser l’excellence », faire des lycées professionnels des « Harvard du pro », en réduisant les heures d’enseignements, en supprimant des postes et sans mettre un euro supplémentaire pour la rémunération des PLP.


A quelques jours des examens, la conférence de presse du Ministre aurait pu fournir un sujet complexe aux élèves : « peut-on viser l’excellence avec toujours moins ? ». 

 

Une chose est certaine : nous sommes loin du projet porté par la CGT Educ’action. A l’employabilité immédiate de jeunes appelés à répondre au besoin du capitalisme, nous opposons une élévation du niveau de qualification et une formation qui allie à la fois des savoirs et des savoirs faire professionnels et humanistes permettant l’émancipation de toutes et tous.

 

Les « Harvard du Pro » : des campus

« nouvelles générations »

Jean-Michel BLANQUER prétend vouloir « viser l’excellence », faire des lycées professionnels des « Harvard du pro », en réduisant les heures d’enseignements, en supprimant des postes et sans mettre un euro supplémentaire pour la rémunération des PLP.

 


L’un des 3 leviers pour « renforcer la voie professionnelle » proposé par le ministère est celui de faire émerger des « campus d’excellence ».

Emballages cadeaux pour une coquille vide, ces « campus d’excellence » doivent « promouvoir l’innovation » et « développer les partenariats avec les régions, les branches professionnelles et les entreprises ».

 


En réalité seuls quelques établissements sont pour l’instant concernés par les campus alors que nos lycées pros subissent de plein fouet la baisse de la taxe d’apprentissage et le sous-investissement des régions…

Attaques en règle sur les postes et les enseignements disciplinaires

Les nouvelles grilles horaires d’enseignement en Bac Pro reposeront sur trois blocs : des enseignements disciplinaires, des heures de co-intervention, une heure liée au projet d’orientation.

Le tout dans un volume de 30 heures hebdomadaires de cours pour les élèves [contre 33.5 heures aujourd’hui pour les spécialités relevant de la grille 2 (spécialités des services) et 34.5 heures pour celles de la grille 1 (spécialités de la production)].


Soit, sur les 3 ans du cycle 9 à 11 semaines de cours en moins avec ce projet ! Après un an de formation en moins en 2009, voici près d’un trimestre de cours pour les élèves supprimé…

 

 

A regarder de près les grilles horaires ci-dessus, il semble surtout que le ministère cherche à faire des économies.

L’allègement de celles-ci, notamment en enseignement général, va rendre les poursuites d’études en BTS plus difficiles et appauvrir la culture générale de nos élèves. L’insertion professionnelle à l’issue de la scolarité ne nous semble donc pas davantage garantie alors que les enfants des classes populaires vont voir leur horizon s’assombrir sur fond de tri social et de sélection généralisée à l’université.


Enseignements généraux et professionnels affaiblis :

une menace pour la qualité de la formation

La rénovation des grilles horaires s’accompagnera d’une réécriture des programmes : la vigilance s’impose quant à leurs contenus !         
Les matières générales seront toutes touchées, ainsi que les matières professionnelles concernées par les regroupements dans des familles de métiers.


En septembre 2019, trois familles de métiers seront identifiées :

 

- Transports-logistique : avec notamment les Bacs Pros logistique et transport. D’autres spécialités pourraient être associées.

 

- Bâtiment et travaux publics : avec notamment les spécialités travaux publics, gros-œuvre, intervention sur le patrimoine bâti (avec toutes les options maçonnerie, charpente…), ouvrage du bâtiment… 4000 élèves sont concernés environ.

 

- Commerce, vente, relations clients : avec notamment les spécialités vente, commerce, métiers de l’accueil (nouveau référentiel pour la spécialité ARCU). La spécialité gestion-administration ne serait pas intégrée à cette famille de métiers.

 


Cela va entraîner une déspécialisation des baccalauréats professionnels en phase avec les demandes du patronat en main d’œuvre polyvalente. C’est une dévalorisation de l’enseignement professionnel au prétexte d’améliorer le parcours d’orientation de l’élève.

Des « parcours rénovés » en Bac Pro qui laissent la part belle à l’apprentissage…

L’instauration de ces secondes à « famille de métiers », qui pourront regrouper jusqu’à 6 Bacs Pros distincts, impliquera donc une déprofessionnalisation de


l’ensemble de nos formations. en cause inévitable du statut des enseignants par la mise en place de l’annualisation. Dans les faits, la véritable spécialisation professionnelle à un métier sera ainsi réduite à 2 ans au lieu de 3 actuellement.

 

 

Pour « sécuriser les transitions », le ministre imposera également de l’apprentissage dans l’ensemble des lycées professionnels. Cette annonce est synonyme de mixage des publics et des parcours ouvrant la voie à « une meilleure articulation et une réversibilité des modalités de formation ». En lieu et place d’une « sécurisation », nous allons assister à une désorganisation pédagogique, à une dérégulation des LP et à la fragilisation des parcours de nos jeunes qui suivront des parcours individualisés avec des allers-retours entre formation et activité salariée. Nos L.P, devenus antichambres de l’apprentissage, prépareront alors nos élèves à intégrer l’entreprise.

         
Couplé à la généralisation de la notion de compétences et à la délivrance de certificats par blocs, cela aboutira à la destruction des diplômes et à une remise en cause inévitable du statut des enseignants par la mise en place de l’annualisation.

Plan social confirmé sur le bac pro Gestion-Administration

 

Il y a 5 ans, les Bac Pro Comptabilité et Secrétariat ont été fusionnés en un seul bac Gestion-Administration (GA), avec une diminution des qualifications en comptabilité. L’insertion professionnelle des élèves a été dégradée. Pour les collègues, il y a eu un alourdissement des tâches, notamment via la mise en place de l’évaluation avec Cerise-Pro. Diplôme dévalorisé, collègues en souffrance, mutations impossibles… Le constat est lourd. Depuis plusieurs années, il y a des fermetures de sections GA ou des transformations de sections GA en ARCU… 

 

 

Réformes de la Voie Pro : une menace forte pour le GA

Le gouvernement fait le choix idéologique de confier le pilotage de la formation au MEDEF et aux branches professionnelles. Cela fait peser un risque sur l’avenir de la filière GA qui n’est pas clairement rattachée à une branche. En conséquence, le GA va se retrouver « éparpillé façon puzzle », associé dans des réseaux de lycées, par exemple,  GA-Automobile : une section de GA jumelée à un lycée des métiers de l’automobile.  


 Vers un plan social massif en GA

 

Le ministre considère qu’il y a trop d’élèves en bac pro GA aujourd’hui. Il dit ne pas avoir la volonté d’éteindre cette formation, mais néanmoins, envisage une réduction de 50% des effectifs élèves. Il invoque la faible insertion professionnelle des élèves au niveau Bac, mais il ne  prend aucune mesure pour améliorer les poursuites d’études en BTS. Un plan de reconversion massive des profs de GA est annoncé. Sur 4700 enseignant·es, il y a 550 non-titulaires qui sont directement menacés. Le Ministère veut reconvertir environ 1 500 personnes sous 4/5ans. Tous les moyens vont être utilisés, intervention dans d’autres filières, réorientation vers l’enseignement de la technologie en collège, reconversion vers le professorat des écoles ou sur des postes administratifs, tant à l’Education Nationale que dans d’autres secteurs de la Fonction Publique… Le ministère pilotera nationalement, mais promet une application locale, par les services RH de proximité. Il annonce avoir pour objectif la rentrée scolaire 2019, mais n’exclut pas des initiatives locales en 2018.

             
Les profs de la voie professionnelle n’ont pas à payer l’échec de la GA !

 

La CGT revendique des moyens pour améliorer les conditions de travail et d’études : classement de lycées en Education Prioritaire, diminution des effectifs par classe, moyens pour des dédoublements… Par exemple, pour améliorer les poursuites d’études et l’insertion professionnelle des élèves, notamment de GA, elle propose une classe passerelle vers le BTS ! Cela nécessite des moyens… et une autre politique !

 

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